Souvent j'entends certaines personnes me dire, mais pourquoi tu ne mets que tes recettes d'apéritifs et de desserts sur ton blog? (Ma préférée reste celle d'un de mes oncles qui me demande pourquoi je ne mets pas les recettes de gibier?) Sous entendu, pourquoi tu ne mets pas les plats de résistance? A force de me poser la question, je me suis interrogée... J'ai repensé à deux phrases: la première celle de mon ami Roger qui lui prône le secret de mes desserts, ce que à quoi je me refuse (Roger si tu lis ce billet, sache que je n'ai pas oublié que tu dois nous réaliser un dessert depuis au moins 3 ans ;) ), en revanche force est d'avouer que pour les plats de résistance, je suis pour ce secret même si je délivre quelques recettes ici ou là. La seconde est celle de Johnny Hallyday (oui la référence va paraître surprenante voire décousue) à qui un jeune chanteur demandait comment réussir un concert. Sa réponse s'applique pour moi à la question comment réussir un repas : "Petit, tu soignes ton entrée, tu soignes ta sortie, et entre les deux tu chantes". Car moi, je soigne l'entrée, je soigne la sortie et entre les deux je cuisine.
Alors, par exemple, sans excès de vantardise, je suis la reine du chili con carne, sauté de porc, sauté de dinde, filet mignon, risotto décliné à l'infini, des paupiettes au cognac, spaghettis bolognese, lasagnes, tomates farcies, fajitas, osso bucco, escalopes de veau roulées avec fromage et lard fumé, crêpes au jambon-fromage-champignon, crumbles salés, le tout maison bien évidemment. Des fois, j'innove, des fois, mes hôtes les plus intimes essuient les plâtres ou les quantités... qui peuvent se révéler soit parcimonieuses soit pantagruéliques, en fonction du poids de ma main, c'est pourquoi il faut toujours tester une recette avant le jour J, même si des fois, je me lance freestyle. Ah cette petite poussée d'adrénaline comme quand un chanteur monte sur scène devant une foule qui l'attend de pied ferme.
Je cuisine aussi du poisson malgré mon allergie, ce qui laisse pantois certains convives. Moi ça ne me dérange pas de le cuisiner car à ma grande surprise, j'ai une excellente mémoire gustative si bien que je sais encore marier les poissons avec d'autres ingrédients. Pour l’assaisonnement, j'ai cependant besoin d'un goûteur. J'aime cuisiner la sole, l’églefin, les queues de lotte... Pour ça, je surveille les arrivages et les promotions du poissonnier de la grande surface... Une fois, faute de temps, j'ai fait illusion en achetant un mets très bien préparé et élaboré chez Picard... Un mets onéreux mais qui a séduit les papilles. J'ai dévoilé la supercherie en fin de repas ;)
Un bon cuisinier, pour moi, c'est quelqu'un qui s'adapte à la saison, aux prix... Je ne fais jamais de liste précise des courses. Je me laisse porter par ce qu'on me propose à un prix intéressant. Je ne panique que très rarement (pour ne dire jamais) s'il me manque un ingrédient.
Quand j'ai commencé ce blog, je ne pensais pas le maintenir en vie aussi longtemps, croyant ma liste de recettes limitée tout comme ma créativité. Or nos limites ne sont que celles que l'on se pose. Je rejoins Xavier Dolan (ce jeune et talentueux cinéaste québécois, oui j'adore le cinéma aussi) qui en a ému plus d'un ce soir de mai avec son sublime discours sur sa génération lors de la remise du Prix du Jury ex-aequo avec Jean-Luc Godard.
Alors voilà, je ne mange pas que des apéritifs dinatoires et des desserts, ou encore que des salades et des quiches. Non. Je mange de la viande, peu de poisson... Le thon est quasiment le seul poisson que mon corps accepte... Je serai allergique à un ver naturellement présent dans le poisson, qui meurt quand on congèle sévèrement le poisson comme le font si bien les Japonais. Difficile de demander à ceux qui le cuisinent "Excuse moi ton poisson il a des vers ou non???"...
Heureusement j'ai des amis formidables qui comprennent et qui me font des plats sans poissons et de délicieux mets. J'aime la simplicité et l'efficacité des recettes de mon amie Martine par exemple qui transcende un plat avec des épices ou aromates, les recettes d'Anne-Marie ou de Coco, les personnes de ma famille (j'ai de la chance, on ne dénombre aucun handicapé culinaire). Ensuite j'apprécie chez les gens qui me reçoivent leur capacité à faire un truc qui leur ressemble, pas forcément quelque chose de compliqué mais quelque chose dont on devine qu'ils sont contents. Aussi autant des tartines peuvent-elles me ravir qu'un gigot de sept heures, dès lors que la personne est heureuse de te faire partager son plat.
Pour moi, cuisiner de cette manière, c'est dire aux gens qu'on les aime.
A bon entendeur, salut!